Chapitre 5 : La Conspiration du Noyer Noir

(Où des taupes en toge complotent, un hibou parle en haïku, et un espion se cache dans une théière.)

L’OMBRE DES CONSEILS SECRETS
Alors que la forêt entière retenait son souffle (et surtout ses narines, après la bataille fromagère), dans les profondeurs du vieux Noyer Noir, un conseil très discret se réunissait…

Les Taupes de l’Ordre de l’Œil Clos, taupes aveugles mais visiblement au courant de tout, s’alignaient autour d’une table taillée dans une racine fossile.

Leur chef, Grand-Maître Creuse-Fouille, tapa de sa canne :

— “Mes frères. La guerre éclate. Il est temps de sortir… la Loupe.”

Un frisson parcourut la salle. La Loupe. L’antique artefact capable de lire les plus petits caractères des traités de paix. Ou de brûler une feuille sèche à vingt mètres.

Une taupe murmura :

— “Et si… on restait planqués ?”

— “Trop tard. Les Sphinx-Chats sont déjà au courant.”

Silence. Puis panique. Et des hurlements en braille.

UN HIBOU ET UN PLAN
Pendant ce temps, perché sur une branche de l’Arbre-Monde, Maître Hululith, le vieux hibou stratège, rédigeait ses ordres en haïku sur des feuilles de hêtre :

“Trop d’odeur de brie
La paix sent le champignon
Parlez aux serpents.”

Il convoqua une réunion avec ses agents : des corbeaux ninjas, une belette déguisée en branche, et Charly, un caméléon paranoïaque persuadé d’être suivi par une fougère.

— “Nous devons infiltrer la Coquille. Trouvez leur point faible. Peut-être leur comptable.”

Charly, camouflé en tasse de thé, répondit :

— “Ils ont… un problème de facturation. Des noisettes en double…”

— “Parfait. Une brèche administrative. C’est là qu’on s’engouffre.”

CASTAGNOR DOUTE… ET REÇOIT UNE VISITE
Dans son quartier général (un tronc aménagé avec goût), Castagnor mangeait une soupe de glands, l’air sombre.

— “Ils ont des roqueforts volants. Des putois fous. Et nous, on a Jean-Rasoir…”

Au même moment, une silhouette encapuchonnée entra discrètement. C’était Belladone, espionne belette, ex-amante de Castagnor et actuelle responsable des relations troubles avec les reptiles.

— “Salut, vieux gland.”

— “Belladone ? Par toutes les feuilles mortes !”

Elle jeta sur la table un rouleau de parchemin gluant.

— “Les serpents se préparent à bouger. Ils ont un plan. Et une recette de soupe au crapaud.”

— “Ça sent l’embuscade.”

— “Non, c’est le parchemin. Je l’ai trouvé dans un marécage.”

UN ESPION NOMMÉ BEIGEBLATT
Pendant ce temps, infiltré dans le camp des skunks, un espion tamarin beige, connu sous le nom de Beigeblatt, récoltait des informations en se faisant passer pour un coussin d’appoint.

Il avait entendu Pestorius dire :

— “Demain, nous marchons vers la Grande Claireière. Pour y installer notre frigo géant.”

Et plus loin :

— “Et je veux une catapulte à camembert. Double portée.”

Beigeblatt griffonna ses notes sur du papier toilette recyclé, puis s’enfuit dans un sac de linge sale.

FIN DU CHAPITRE : UNE TENSION QUI MONTE
Alors que le jour déclinait, dans toutes les clairières et sous-bois, on sentait l’approche d’un grand bouleversement.

Les taupes murmuraient.

Les hiboux haïkutaient.

Les beignets de vers se faisaient rares.

Et quelque part, Jean-Rasoir aiguisait une fourchette en chantant “Pyro Pyro Petite Flamme”.