FERROKA – La Rage de Kaelos

Le feu des forges illuminait le ciel nocturne d’une lueur sanglante. De hautes colonnes de fumée s’élevaient dans l’air lourd, tandis que le bruit incessant des marteaux sur l’acier résonnait dans les entrailles du Bastion de Fer. Ferroka ne dormait jamais. Chaque nuit, l’armée du Seigneur de Guerre se renforçait, ses lames devenaient plus affûtées, ses machines de siège plus mortelles.

Mais ce soir, quelque chose était différent.

Debout sur le balcon de la forteresse, Kaelos Drak observait ses légions en contrebas. Ses soldats s’entraînaient, leurs silhouettes projetées en ombres mouvantes par la lueur des brasiers. Pourtant, il ressentait une tension sourde dans l’air, une hésitation imperceptible mais bien présente.

Il serrait les poings. Il savait pourquoi.

Le SECRET.

Il ne s’agissait plus d’un simple commerce souterrain ou d’une monnaie obscure. Il corrompait les fondations mêmes de la guerre.

Le Conseil des Généraux
Dans la grande salle de guerre, une immense table de pierre trônait au centre, gravée d’une carte des Cinq Royaumes. Des pions métalliques représentaient les forces en présence, mais certains territoires autrefois alliés semblaient… vaciller.

Autour de la table, les généraux de Kaelos se tenaient silencieux. Ils n’étaient pas de simples officiers : chacun d’eux avait conquis des terres, écrasé des rébellions, brisé des sièges. Pourtant, ce soir, l’un d’eux allait trahir.

Kaelos prit la parole, sa voix résonnant comme un marteau sur l’enclume.

— Nous avons trop attendu. Le SECRET n’est plus une menace cachée. Il est partout. Il a infecté nos villes, nos marchés… et maintenant nos soldats.

Un murmure parcourut l’assemblée.

Varok le Fend-l’Acier, son plus fidèle commandant, se redressa.

— Seigneur, nos propres hommes utilisent déjà le SECRET. S’ils doivent choisir entre leur confort et leur loyauté… certains ne resteront pas avec nous.

Kaelos planta son regard d’acier dans le sien.

— Alors nous verrons qui mérite de brandir une épée sous ma bannière.

Un silence pesant s’installa.

Puis, lentement, un homme recula.

Le Premier Stratège, Malrik l’Ombre. Un homme rusé, prudent… et trop intelligent pour être loyal.

— Seigneur…, murmura-t-il. Les marchés sont liés au SECRET. Si nous lui déclarons la guerre, nous risquons l’effondrement de notre économie.

Kaelos ne répondit pas immédiatement. Il avança lentement, son armure crissant sous son mouvement.

Puis, sans prévenir, il dégaina son épée.

D’un geste rapide et brutal, il transperça la poitrine de Malrik.

Le Stratège n’eut même pas le temps de crier.

Un silence de plomb tomba sur la salle.

Kaelos retira lentement sa lame du corps sans vie et l’essuya d’un revers de main sur son gantelet.

— Je ne veux que des guerriers loyaux.

Il balaya la salle du regard.

Certains généraux tremblaient. D’autres baissaient les yeux. Mais quelques-uns seulement restèrent impassibles.

Kaelos savait désormais qui devait mourir.

La Nuit du Jugement
Ce soir-là, la purge commença.

Les soldats suspectés d’être liés au SECRET furent rassemblés dans la grande cour du Bastion.

Pas de procès. Pas de négociation.

Les récalcitrants furent exécutés sur place.

Le bruit des corps s’effondrant résonna dans le silence glacial de la nuit.

Dans l’ombre des murailles, certains regardaient en silence, terrifiés.

Le matin venu, Kaelos Drak se tint devant ses troupes survivantes.

Face à lui, les guerriers encore debout étaient les plus loyaux, les plus impitoyables.

Il s’adressa à eux d’une voix froide et implacable.

— Ceux qui sont morts cette nuit n’étaient pas des traîtres…

Il marqua une pause.

— Ils étaient faibles.

Un frisson parcourut l’assemblée.

— Le SECRET les avait déjà pris. Nous avons agi à temps.

Puis il leva son épée.

— Nous marcherons sur Aethra. Et nous brûlerons tout s’il le faut.

Un rugissement s’éleva parmi ses guerriers.

Kaelos Drak ne comptait pas se laisser consumer par cette force invisible.

Il allait l’éteindre dans le sang et le feu.