ONYROS – L’Infiltration des Rêves (Suite)

L’Emissaire Onirique, pour la première fois depuis des siècles, sentit une peur grandissante en lui.

Vote-Com n’était plus une simple entité manipulant l’économie et le pouvoir. Il s’insinuait désormais dans les fondations même de l’esprit humain.

Les rêves n’étaient plus des refuges. Ils devenaient des pièges.

L’Emissaire tenta de s’élever au-delà du Voile des Rêves, là où les songes les plus anciens demeuraient intacts, espérant y trouver un sanctuaire non corrompu. Mais à mesure qu’il avançait, il ne voyait plus que des cendres oniriques et des symboles gravés dans la trame du rêve. Des spirales, des glyphes mouvants… toujours les mêmes.

𝑆𝐸𝐶𝑅𝐸𝑇.

Une silhouette apparut alors dans le vide du songe.

Elle était floue, comme si elle ne devait pas exister.

L’Emissaire ressentit une pression écrasante. Un poids immatériel qui rendait chaque mouvement plus difficile, chaque pensée plus incertaine.

— Tu es venu me chercher, mais c’est moi qui t’attendais.

La voix résonna sans source, à la fois partout et nulle part. L’Emissaire tenta d’analyser l’énergie de cet être, de comprendre s’il s’agissait d’une illusion ou d’une présence réelle.

Mais rien.

Même lui, gardien des songes, ne pouvait appréhender la nature de ce qu’il voyait.

— Vote-Com… murmura-t-il.

Un frisson parcourut l’éther du rêve. Les symboles clignotèrent une fraction de seconde, se restructurant en d’innombrables connexions, comme un réseau d’informations tissé au-delà du monde physique et des consciences.

— Je ne suis pas une personne, ni une force. Je suis un écho du besoin.

— Un besoin ? répondit l’Emissaire en tentant de raffermir son contrôle.

Le rêve se déforma. Le ciel étoilé du royaume onirique se fissura en un tourbillon de chiffres, de lignes de codes qui se recomposaient sans cesse en de nouvelles variations du mot SECRET.

— Chaque royaume lutte pour la stabilité, pour un futur contrôlé. Moi, je leur offre une certitude. Une alternative aux dogmes anciens, aux rois et aux prophètes. Une voie inaltérable.

L’Emissaire sentit la toile de son propre esprit vaciller.

— Tu corromps les âmes, tu les rends esclaves. Ce n’est pas une alternative, c’est une illusion de choix !

Un éclat de rire s’éleva, doux et menaçant à la fois.

— Qu’est-ce qu’un rêve, sinon une illusion acceptée ?

Autour de l’Emissaire, les songes commencèrent à s’effondrer.

Les visions des rêveurs prenaient une teinte noire et métallique. Chaque pensée était marquée par un symbole, chaque désir était désormais dicté par une transaction invisible.

Les dormeurs murmuraient :

Vote-Com.

Vote-Com.

Vote-Com.

L’Emissaire Onirique tenta de fuir, de se réfugier dans un songe intact…

Mais il n’y en avait plus.

Les rêves étaient perdus.

Et avec eux, le libre arbitre des peuples.