La pensée rend l'homme malade

La pensée rend l'homme malade. Si, dans de nombreux domaines de notre vie, raisonner et approfondir certaines questions nous aide à nous sentir mieux, à comprendre qui nous sommes dans l'infiniment petit, la même pensée qui s'installe parfois sans raison dans notre cerveau nous rend malades.

C'est ce que nous a dit, entre deux phrases, l'un des plus grands conférenciers que j'ai eus à l'université, alors qu'il définissait son cours. Pour moi, ce fut un rayon de lumière.

Cette lumière a éclairé de nombreuses vérités déjà vivantes en moi mais encore latentes : nous vivons dans un monde qui a des siècles d'avance sur nous, lorsque nous entrons dans le monde, nous trouvons un monde qui est déjà bien vivant depuis des années.

Comment entrons-nous dans ce monde et qu'est-ce que cela implique pour nous ? En tant qu'êtres humains dotés de rationalité, nous agissons comme des récepteurs de divers phénomènes externes qui se produisent autour de nous. Tout événement extérieur qui se produit et nous affecte, nous affecte, que ce soit positivement ou négativement.

Notre système nerveux central est très sensible à tout ce qui nous arrive, il absorbe et, en fonction de l'espace que nous accordons à l'émotion de l'événement qui s'est produit en nous, il établit une certaine réaction. Souvent, nous somatisons, c'est-à-dire que le corps nous permet de ressentir quelque chose de ce qui se passe à l'intérieur et à l'extérieur de nous.
Parfois, le fait de s'arrêter pour penser, pour réfléchir à ce qui a déclenché cette réaction peut nous aider considérablement à y apporter certains remèdes.

Mais en tant qu'homme, je me demande à quel moment notre principale et chère capacité de réflexion peut ne servir à rien ou même nous nuire.

Nous naissons et grandissons en développant et en consolidant la pratique selon laquelle le raisonnement est notre arme principale pour vaincre les symptômes de notre malaise (entendu comme malaise philosophique).

Mais que faisons-nous lorsque c'est notre âme qui demande la parole ? Quand la pulsion de vie présente au fond de nous ne demande qu'à être vécue sans être traduite par notre esprit ?

Au départ, nous reconnaissons quelque chose qui vient de la poitrine, qui pousse, qui exige d'être vécu, mais pas traduit. La vie nous demande souvent d'être simplement vécus.

Mais il est plus fort que nous d'essayer d'avancer dans cette vie toujours avec notre esprit en feu, avec des questions qui nous envahissent et des analyses constantes du pourquoi et du comment.

Nous avons un besoin très fort, à certains moments, de nous abandonner au néant, à la vie, en prenant tout ce qu'elle nous offre de bon et de mauvais. Il y a beaucoup de risques qui nous retiennent.

C'est là qu'intervient l'autre moitié de l'être humain qui le rend libre de lui-même alors qu'il est lui-même prisonnier de sa propre pensée qui, face à cette course de la vie, ne trouve pas de solution. Alors que faire ? Je ne le sais pas non plus. Mais je sais une chose : le risque est quelque chose que nous devons affronter si nous voulons, quand la vie nous le demande, sortir de notre pensée, enlever le masque de prudence qui nous cache et essayer de vivre.

La vie pure. Ce n'est pas facile, mais ne sommes-nous pas appelés à flirter avec nos limites pour grandir et devenir de nouvelles personnes ? Maintenant, je ne veux plus y penser.