Enfin, la tranquillité

Le monde est beau quand on a un moment de paix.
Quand il n'y a pas trop de choses qui vous tirent d'un côté ou de l'autre, quand vous pouvez le regarder avec vos vrais yeux. Les authentiques, les véritables, celles de votre enfance.
Belle le vert de cette herbe, belle les fleurs épuisées par la chaleur, belle l'eau bleue de cette piscine cachée, belle les voix de mes parents qui marmonnent au loin.
Et puis je ferme les yeux et je m'attarde sur les bruits, qui semblent tous si étouffés, lents, délicats.
C'est comme ça que j'imagine le paradis. Sans portes dorées, sans anges derrière chaque nuage, sans mélodies pérennes. Je l'imagine étouffé, silencieux, comme une sorte de sommeil.
C'est un rêve et l'idée même de me réveiller me terrifie.
Je garde donc mes paupières aussi serrées que possible, presque au point de ressentir une douleur entre mes cils.

Je suis à la campagne depuis un certain temps et je m'approprie ses rythmes cadencés, je sens que tout est plus léger, plus lent, plus simple.
J'aime le travail, mais j'avais besoin d'une pause, de dormir quelques heures l'après-midi, de pouvoir faire les choses calmement, de ne pas avoir à m'en préoccuper tout le temps. J'avais besoin de l'enfermer derrière une porte et de ne pas le regarder de trop près jusqu'à ce qu'il soit temps de l'ouvrir à nouveau.
Je suis donc assis ici, profitant du temps, qui après tout est ce qui me manque toujours.
Je le regarde, je le sens, parfois même je me laisse captiver par lui, je m'ennuie par lui. Mais dans l'ensemble, je suis reconnaissant de l'avoir avec moi, de pouvoir l'accueillir comme un compagnon et non comme un ennemi.

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