Chapitre 2.1 : Les Premiers Signes de Tempête

Edmond Passereau, installé dans son appartement exigu, se levait chaque matin avec la même routine minutieuse. Il débutait sa journée en préparant un café noir et en disposant soigneusement ses jumelles, ses carnets, et son fidèle appareil photo sur une petite table en bois près de sa fenêtre. Cette fenêtre, qui donnait sur un enchevêtrement de toits, était devenue son portail vers un monde secret et fascinant. Ce matin-là, il sentit une tension particulière dans l'air. Les pigeons, d'ordinaire si prompts à vaquer à leurs occupations, semblaient en effervescence.

Edmond avait appris à lire leurs mouvements avec une précision presque scientifique. Les vols en formation, les rassemblements inhabituels sur des antennes ou les éclats de disputes bruyantes : tout cela était un langage complexe qu’il s’efforçait de décrypter. Ce jour-là, il remarqua un comportement singulier. Les Silver Feathers avaient abandonné leur perchoir habituel sur le clocher de l'église Saint-Martin et semblaient s’être déplacés vers un ancien bâtiment désaffecté, une ancienne usine de textile.

Le retraité sortit son carnet, y griffonnant des notes précises. Pourquoi ce déplacement soudain ? Était-ce une simple précaution ou y avait-il une raison plus grave ? Tandis qu’il écrivait, une volée de Black Talons survola la zone, leurs ailes sombres dessinant des ombres inquiétantes sur les murs décrépits de l’usine. Edmond les observa intensément. Il remarqua que certains d'entre eux portaient des plumes manquantes ou ébouriffées, signe évident de récentes escarmouches.

Il reporta son attention sur les Silver Feathers . Leur leader , qu’il avait surnommé "Plume d’Argent", semblait donner des ordres précis. Les pigeons s’organisaient en groupes , certains transportant des brindilles et des morceaux de fil de fer . Edmond reconnut immédiatement ces signaux : ils fortifiaient leur nouveau refuge. L’odeur d’une guerre imminente était palpable .