Chapitre 8

Le Retour dans les Profondeurs

Partie 2

Les Ombres du Passé

Les ténèbres du tunnel étaient épaisses, presque palpables. Lucien avait l’impression d’avancer dans un océan d’ombre, où chaque pas pouvait le précipiter dans un gouffre invisible. Le silence était total, oppressant, comme si le monde extérieur n’existait plus. Seul le bruit de leurs respirations haletantes troublait l’air stagnant.

Il leva sa lanterne, mais la faible lumière semblait absorbée par l’obscurité environnante. Il n’y avait ni écho ni courant d’air, seulement ce vide écrasant qui donnait l’illusion qu’ils marchaient en dehors du temps.

— « On doit continuer, mais… on va où exactement ? » demanda Hubert, jetant des regards nerveux autour de lui.

Lucien n’avait pas la réponse. Il se fiait à son instinct, et surtout, à cette force invisible qui semblait le guider. Chaque pierre, chaque fissure dans les parois lui donnait l’impression d’être observé.

Après de longues minutes de marche prudente, le tunnel s’élargit soudainement, dévoilant une vaste salle souterraine.

Ils s’arrêtèrent net.

Devant eux, un spectacle surréaliste s’offrait à leurs yeux : une cité en ruine dormait sous terre, oubliée depuis des siècles.

Les restes d’imposants bâtiments de pierre noire s’élevaient sous un plafond naturel incrusté de minéraux luminescents. Loin au-dessus d’eux, des cristaux suspendus diffusaient une lueur bleutée qui baignait les lieux d’une atmosphère irréelle.

Quelque chose avait vécu ici.

Lucien avançait lentement, le regard captivé par l’immensité du lieu. Des statues brisées bordaient une large avenue pavée, comme les vestiges d’une ancienne civilisation. Certaines étaient encore debout, figées dans des postures solennelles, tandis que d’autres gisaient au sol, leurs visages rongés par le temps.

— « C’est… incroyable. »

Hubert s’accroupit près d’une inscription gravée sur une colonne effondrée. Il passa la main dessus, soufflant doucement la poussière accumulée.

— « Ça ressemble à du vieux dialecte alchimique… mais certaines parties sont différentes. »

Lucien s’agenouilla à côté de lui, tentant de déchiffrer les caractères anciens. Parmi les inscriptions, quelques mots familiers attirèrent son attention.

— « Transmutation… Équilibre… Sacrifice… » lut-il à voix haute.

Un frisson lui parcourut l’échine. Ces mots lui rappelaient les légendes sur le Royaume des Secrets.

Soudain, un bruit sourd retentit derrière eux.

Un craquement, comme si quelque chose venait de bouger dans l’obscurité.

Ils échangèrent un regard inquiet.

Lucien tourna lentement la tête.

Derrière eux, l’entrée du tunnel s’était obscurcie. Quelque chose les suivait.

Une ombre se mouvait dans l’obscurité, indistincte, éthérée. Une présence sinistre s’élevait de la pénombre, froide et suffocante.

Lucien eut l’impression qu’un millier d’yeux invisibles s’étaient ouverts sur eux.

— « Ne bouge pas… » chuchota Hubert.

Mais il était trop tard.

Un murmure glacial s’éleva dans la salle, comme un souffle porté par le vent d’un monde oublié.

Lucien sentit son cœur s’emballer.

L’ombre avançait, prenant peu à peu forme. Une silhouette indistincte, humanoïde, mais déformée, se matérialisa lentement. Son corps semblait constitué de ténèbres liquides, et son visage était un masque sans traits, comme sculpté dans l’absence de lumière.

— « Qu’est-ce que… c’est ? » balbutia Lucien.

L’être inclina légèrement la tête, comme s’il les observait avec curiosité.

Puis, d’une voix déformée, résonnant comme un écho venu du passé, il prononça un mot.

Un seul.

Un mot que Lucien n’aurait jamais cru entendre dans un endroit pareil.

— « Gaspard. »

Lucien eut un haut-le-cœur.

— « Quoi ?! »

Mais l’entité ne répondit pas.

Au lieu de cela, elle leva lentement un bras fait d’ombre, et le silence de la salle fut brisé par un souffle glacial qui éteignit leur lanterne d’un seul coup.

Plongés dans le noir absolu, ils entendirent des pas approcher.

Ils n’étaient plus seuls.