Rencontres inattendues

C'est l'une des plus belles filles que j'aie jamais vues en chair et en os. Elle incarne un modèle esthétique de perfection pour la plupart des hommes : yeux bleus et cheveux blonds. Mais ne tombez pas dans les clichés : dès l'enfance, elle était très intelligente, un esprit brillant et vif. Comme toutes les blondes au regard glacé, elle pouvait donner en apparence l'idée d'austérité et de détachement d'une fille nordique. En revanche, elle souriait souvent et ses yeux étaient si expressifs et vivants qu'ils exprimaient parfaitement sa "méditerranéité".

Nous étions dans la même classe d'école primaire en Italie et, un matin, nous nous sommes retrouvées seules avant le début de la classe. J'ai été agréablement impressionné par cette conversation et par sa beauté. Ce n'était pas évident, parce qu'enfant, je tombais amoureux de tout... mais pas des filles, parce qu'elles ne partageaient pas mes intérêts. C'était un monde trop différent du mien.

Mais lorsque je suis rentrée à la maison après cette matinée, je leur ai raconté avec enthousiasme ce qui s'était passé et ma sœur, pour me taquiner affectueusement, a reproduit la scène en utilisant des "animaux" en forme de porte-œufs Kinder, l'un bleu et l'autre rose (je ne me souviens pas s'il s'agissait de chiots, de lapins, de porcelets : c'étaient des récipients contenant de petits œufs en chocolat en forme d'animaux).

Après avoir terminé l'école primaire, elle a été placée dans la même classe que moi à l'école secondaire (première grade).

J'en garde un très bon souvenir car c'était une fille très facile à vivre, toujours gentille, qui n'avait jamais un mot de travers. Nous sommes restées camarades de classe pendant un an, puis nous avons déménagé en France et je ne l'ai pas revue pendant longtemps.

Je l'ai rencontrée par hasard à Gênes, lors d'une visite à ma famille. Je ne me souviens plus exactement de l'année, mais nous étions dans un petit bus qui parcourait les rues du centre historique. C'est elle qui m'a reconnu. Elle m'a salué avec une affection sincère et nous avons échangé quelques mots. Je me sentais un peu coupable, mais je ne comprenais pas pourquoi.

Aujourd'hui, je le comprends : j'ai toujours fui mon passé. J'ai fui les attentes non satisfaites, mes mauvais comportements, parce que j'étais incapable de porter le poids de mes erreurs.
Aujourd'hui, je l'ai compris et je savoure enfin chaque souvenir de mon passé. Je repense à toutes les personnes que j'ai eu la chance de rencontrer. Et je repense aussi à ces yeux et à ce sourire, à la belle personne qu'était Beatrice, à la belle personne qu'elle est sûrement encore, mère et épouse à qui je souhaite le meilleur.

photo source : https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photo-de-sieges-d-autobus-vides-3550650/