Préparatifs avant la bataille

C'est un matin lent et calme, comme je n'en ai pas connu depuis longtemps.
Dehors, l'orage a laissé place à une pluie torrentielle mais douce, sans plus de tonnerre pour percer le ciel. J'ai pris mon temps, aussi en raison du fait que ces deux derniers jours, ayant retrouvé mes forces et fatigué de l'oisiveté de la quarantaine, j'avais été occupé à ranger la maison et à désinfecter les surfaces et qu'il ne me restait plus grand-chose à terminer.

Je suis donc restée au lit, j'ai dormi un peu plus longtemps, j'ai pris mon petit-déjeuner directement à partir de là tout en établissant un nouveau programme hebdomadaire, et j'ai intentionnellement gardé la musique éteinte aussi.
Je voulais être juste moi. Moi, le silence, la pluie derrière les volets, l'odeur de la cannelle sur la poire.
Il y a du temps pour courir et il doit aussi y avoir du temps pour rattraper le temps perdu. Un espace vide à remplir de manière douce, délicate et épurée.
Et puis, le dimanche pour nous, c'est souvent un jour de réveil, de course, de va-et-vient, de belles choses coincées entre les devoirs comme si nous ne méritions jamais rien qui ait un goût de farniente ou de plaisir.
Et donc, ce lundi matin, avant de retourner au bureau dans l'après-midi et de mettre la tête sur l'arriéré de travail qui m'accompagnera toute la semaine (et peut-être au-delà), j'ai voulu me le consacrer à moi-même. Au doux goût du silence, de la lenteur, de la légèreté.

Noël approche et il y a des moments où je sens mon cœur exploser de joie et d'anticipation, et d'autres où j'ai du mal à respirer à cause de l'anxiété de devoir me retrouver au milieu de tables dressées à toute heure et de parents et amis bruyants.
Il y a des dîners auxquels j'ai été invité les jours précédant les fêtes. Des dîners auxquels j'ai dit non, sauf un, parce qu'au risque d'être odieux - et je l'ai certainement été - je ressens le besoin de garder mon corps et mon esprit en ordre. Un besoin de ne pas déborder.

Me laisser trop aller aux joies de la table me fait peur car je connais mon corps et mon emploi du temps. Faux ! Parce que je crois fermement que l'activité physique est saine non seulement pour le corps mais aussi pour l'esprit et qu'elle me permettrait d'éviter les baisses d'énergie mais je ne trouve pas le temps de m'y consacrer. Mais le plus probable est que c'est encore un autre mensonge que je me raconte. En tout cas, cela m'effraie de m'asseoir à côté de quelqu'un qui peut manger pendant des heures sans coup férir alors que je réfrène ma gloutonnerie.

Il y a des moments où tout cela me fait trembler et où j'ai juste envie de m'échapper dans un placard et d'en sortir à la fin du repas. Noël, c'est la joie, c'est pouvoir s'absenter du travail pendant quelques jours, retrouver ma famille, répartie entre l'Italie et la France, passer un peu de temps dans ma campagne, peut-être même voir des amis chers et passer une journée entière avec eux à discuter de ces frivolités dont nous avons tous deux tant besoin.

Mais Noël, c'est aussi me confronter à quelque chose qui me fait peur et l'accepter, me serrer la ceinture alors que tout le monde autour de moi ne fait qu'élargir la sienne et les voir me regarder d'un mauvais œil et peut-être même essayer de me la faire desserrer.

Il y a des discussions que vous ne pouvez tout simplement pas commencer. Tu ne peux pas faire ça parce que tu es juste la personne ennuyeuse qui ne veut pas lâcher prise.

J'espère que je ne vous ai pas ennuyé, mais écrire mes pensées, les décharger, me fait me sentir mieux. Passez une bonne journée.


Photo source: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/homme-en-veste-noire-assis-sur-un-bloc-792068/



0
0
0.000
1 comments